jeudi 13 janvier 2011

Al-Qaïda du Maghreb Islamique et la complicité de l’occident dans le trafic de drogue





Malgré les risques dans ce qui avait tout l’air d’être un coup monté, les armées françaises et nigériennes, sans état d’âme vis à vis de la vie des deux jeunes otages enlevés, ont poursuivi les terroristes qui avaient saisi Antoine de Léocour et Vincent Delory dans un restaurant au Niger, et dans une intervention bâclée ont trouvé les dits otages assassinés. Comme le Président français, qui est allé tout de suite parler en tête-à-tête avec son homologue américain, a fait sous-entendre, ‘se débarrasser de ces terroristes est beaucoup plus important que la vie de quelques français.’ Qu’est ce que ce qui se passe réellement dans le Sahel ?

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20110113.OBS6134/otages-des-soldats-nigeriens-ont-ete-tues-par-les-militaires-francais.html

En 2008, un rapport du ‘Department of Homeland Security’ américain, rédigé par un fonctionnaire anonyme, nous informa que des avions de fortune amenaient régulièrement des drogues d'Amérique du Sud en Afrique de l’Ouest, d’où ils furent introduits clandestinement en Europe. Le rapport avertit qu’il n’y avait pas de lien vérifiable avec Al-Qaïda, mais il sembla probable qu’il y en avait un, compte tenu de l’augmentation des activités des groupes terroristes en Afrique. Paradoxalement, Washington, qui ne manque jamais une occasion de sonner l’alarme Al-Qaïda, enterra le rapport jusqu’à ce que Reuters le déterre en janvier 2010. Questionné à ce sujet, un fonctionnaire ‘consterné’ déclara, “Nous avons une connexion terroriste établie de ce coté de l’Atlantique. Maintenant en Afrique il y a la connexion Al-Qaïda, et il est extrêmement inquiétant et un peu déconcertant que ce n’est pas l’une des priorités du gouvernement.”

Alors, pourquoi minimiser ou pire ignorer le potentiel d’un réseau de trafic de drogue aérien transatlantique mené par Al-Qaïda du Maghreb Islamique (AQMI) depuis 2002 ? Est ce la peur de créer la panique qui a freiner l’action de la part de Washington ? Ou cherchent-ils à attiser le conflit pour justifier une intervention militaire progressive ? Bien que le rapport de la Sécurité intérieure et la découverte de Reuters ne fassent plus la une des journaux, le sujet est toujours d’actualité. Ce mois-ci l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a lancé une initiative pour sécuriser les communications entre les aéroports de l'Afrique occidentale et de l’Amérique latine. Puisque les cartels et les contrebandiers, qu'ils soient affiliés à Al-Qaïda ou non, ont su profiter du manque de sécurité, AIRCOP fut formé pour lutter contre les réseaux qui lient le Brésil, le Cap-Vert, le Ghana, la Côte-d'Ivoire, le Nigeria, le Sénégal, le Togo et le Mali. Un allié important dans la soi disant lutte menée par l’Occident contre AQMI, le Mali sert aussi de point d'origine de l’enquête de Reuters.

En Novembre dernier les autorités maliennes ont découvert un Boeing 727 carbonisé, avec des traces de cocaïne, estimée entre cinq et dix tonnes à l'atterrissage. Un mois plus tard, trois agents d’AQMI venus du Mali comparaissaient dans un tribunal new-yorkais, accusés d’avoir offert à des agents de la Drug Enforcement Agency (DEA) une route de contrebande pour l’Espagne. De toutes les nombreuses rumeurs concernant AQMI, celle qui parle de son réseau en provenance du Mexique vers le Sahara serait la plus vraie. L'ONU estime que 200 à 300 tonnes annuelles alimentent l'appétit de la cocaïne en Europe, avec 50 à 100 tonnes exportées d'Amérique du Sud via l'Afrique occidentale. AQMI n’est pas responsable pour toute la contrebande liée à son nom, mais le trafic de cocaïne constitue une part importante de son budget, ainsi que les rançons pour enlèvement et le trafic d'êtres humains. Beaucoup d’argent comptant entre les mains d’un faible nombre de combattants (estimé à environ 400) a pu faire disperser un groupe muni d’une technologie avancée sur une moitié de la superficie de l'Europe. Une menace contre laquelle les fonctionnaires ne nous mettent en garde que maintenant.

Alors pourquoi passer outre le rapport de la sécurité intérieure américaine et négliger les moyens de tarir les recettes d’AQMI ? Pourquoi AIRCOP, un programme de 3 millions de dollars, prend des années à devenir opérationnel, alors que des dizaines de millions de dollars en financement militaire pour les États africains du Nord ne tardent pas à venir de la part de Washington ? Des éléments corrompus et incontrôlés de ces gouvernements et ses armées ont été connus pour avoir déchargé, transporté et protégé les cargaisons de drogue. Contrôler les avions qui traversent l'Atlantique n'est pas facile, surtout quand le trafiquants changent leurs habitudes de vol, et les itinéraires juste avant ou pendant le décollage. Des avions ont pu atterrir directement dans les aéroports africains, mais le plus souvent ils sont laissés à l'abandon, ayant utilisé des pistes de fortune taillées dans la brousse et pavées à la hâte. Les avions eux-mêmes ont été équipés de réservoirs de carburant supplémentaires, et portaient parfois le symbole de la Croix-Rouge. Déjouer les plans des cartels sud-américains et des trafiquants de drogue en Afrique est rendu plus difficile, à cause des pots de vin offerts aux représentants des aéroports et des gouvernements pour pouvoir débarquer leur marchandise, une tactique employée facilement en Afrique du Nord. Malgré le scepticisme de la DEA dans certains milieux, les rumeurs que les FARC envoient des drogues hors du Venezuela ont circulé pendant des années. L'état est idéalement placé géographiquement, et reste l'un des états d’Amérique du Sud où la DEA n’est pas présente sur le terrain. Le manque de coopération sur le sol empêche une lutte efficace contre les réseaux de trafiquants de stupéfiants aériens.

Toutefois, la faute pourrait être attribuer au comportement de Washington. Malgré la coopération internationale, le pouvoir américain et européen s’est largement limité à la coopération militaire en Afrique du Nord. Plus d'attention a été consacré aux menaces pour le publique d’AQMI le mois dernier que son trafic de drogue a reçu depuis le début de ses activités. Alexandre Schmidt, le représentant régional des Nations Unies pour l'Afrique centrale et occidentale, qui a aidé à organiser AIRCOP, a annoncé en Janvier, “Cela devrait être la plus forte préoccupation pour les gouvernements.”

Les attitudes occidentales envers AQMI en Afrique du Nord, et envers son propre militarisme, doivent faire l'objet de d’une réévaluation totale. Car le problème et sa solution sont de nature globales. Enracinée dans la corruption et la pauvreté, les livraisons de drogue en Afrique du Nord venant de l’Amérique du Sud pour exportation vers l'Europe, ainsi que l'héroïne venant d’Asie, est en train de favoriser une variété d'insurrections sur les routes du trafic. En raison de l'évolution de la sécurité sur la frontière américano-mexicaine, le modus operandi des cartels a changé et a bénéficié de davantage de profit en Afrique. Cela nécessite une restructuration financière, car tout l'océan Atlantique doit être couvert par le radar, qui ne s'étend que dans les Caraïbes et le nord de l'Atlantique, couverts par des radars fixes et des avions P3. Les trafiquants de drogue volent sans crainte de détection radar pour des raisons absurdes. Selon Interpol, les avions atterrissant dans l'archipel des Bijagos, à une centaine de kilomètres au large de la côte africaine, n'ont pas été interceptés en raison du manque de moyens. En attendant, la DEA a des bureaux sur le terrain dans la plupart des États d'Amérique du Sud et Latine, alors qu'il n'a même pas listé l’Afrique comme une région à surveiller. Malheureusement, les Etats-Unis ont envoyé une part disproportionnée des agents de la DEA en Afghanistan, laissant tout le territoire AQMI, plus de quatre fois plus grand que celui des Talibans, sans aide. Avec seulement quatre bureaux en Afrique, au Nigeria, au Ghana, en Égypte et au Soudan, la DEA a clairement besoin d'accroître sa présence en Afrique du Nord si Washington a l'intention sincère d'arrêter ce trafic mondial.

Mais la corruption de Washington est l'ennemi principal, pas AQMI. Tant que l'Occident continue de soutenir les forces armées africaines sans se préoccuper des domaines non militaires, les contrebandiers AQMI et d’autres se poursuivront leurs opérations avec un minimum de dérangement. La région s'enfonce dans le conflit, et on ne peut que se demander si le problème a été volontairement ignoré. Car d’après ce que l’on commence à comprendre maintenant, c’est la CIA, aidée par ces alliés du MI6 et de la DGSE, qui sont derrière le trafic de drogue mondiale pour des raisons moins opaque à présent. Bref, il faut à tout prix remplir les caisses vides des pays occidentaux endettés. Et la seule façon de le faire au plus vite est grâce à la vente d’armes et de drogue. Et dans ce scénario dantesque deux jeunes français, sans oublier Michel Germaneau, sont morts pour des raisons purement politiques.




1 commentaire:

  1. Les premiers résultats de l'enquête sur l'intervention française ont jeté le trouble. Le ministère de la défense a expliqué que si l'un des otages avait été tué d'une balle dans la tête, l'autre avait le corps brûlé et marqué d'impact de balles. Le procureur Jean-Claude Marin confirme que les affrontements entre forces françaises et ravisseurs ont provoqué la mort de 9 personnes, dont les 2 otages : « On peut penser que Vincent Delory a été tué au cours de l'assaut final parce qu'il était très brûlé ». Le spectre d'une bavure des forces spéciales, qui auraient tiré sur ordre de Nicolas Sarkozy, depuis leurs hélicoptères, sur les ravisseurs fuyards et leurs deux prisonniers, s'impose peu à peu dans les non-dits des commentateurs. Si cette hypothèse dramatique se confirmait, elle serait un coup terrible à la posture nouvelle de Nicolas Sarkozy : jusqu'à cet enlèvement, la tactique sarkozyenne était de crier officiellement, mais de négocier en coulisses. Pourquoi pas ? Comme par hasard, un revirement s'est opéré il y a quelques semaines, quand le chef de l'UMP est redevenu candidat à sa réélection. (extrait - Juan SARKOFRANCE

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